Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

3e dimanche de Pâques (C)

« Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ;
et de même pour le poisson » (Jn 21, 1-19)

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien. Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres. Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples. Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

 

Traité de saint Augustin, évêque, sur l’évangile de Jean

Tract. 123, 4-5 : CCL 36, 677-678

Le Seigneur dit à Simon-Pierre : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Celui qui renia le Seigneur, puis l’aima, trouva cette heureuse fin ; après avoir été élevé par la présomption, prostré par le reniement, purifié par les larmes, éprouvé par la confession, il fut couronné par le martyre ; il trouva cette fin de mourir, par un amour parfait, pour le nom de celui à qui, par une mauvaise précipitation, il avait promis de mourir. Affermi par sa résurrection, qu’il fasse ce que dans sa faiblesse il avait promis prématurément. Il fallait d’abord, en effet, que le Christ meure pour le salut de Pierre avant que Pierre ne meure pour la prédication du Christ.

Cet ordre, établi par la vérité elle-même, rendait intempestive la tentative présomptueuse de la témérité humaine. Pierre, lui qui avait besoin de délivrance, pensait pouvoir donner sa vie pour le Christ, son libérateur, alors que le Christ venait donner sa vie pour tous les siens, en particulier pour Pierre, ce qui maintenant est accompli.

Nous pouvons maintenant faire preuve de la véritable force d’âme que nous donne le Seigneur, et non plus en présumer d’une fausse qui nous fait tomber dans l’erreur. Nous n’avons plus à craindre la fin de cette vie, puisque, avec la résurrection du Seigneur, nous avons l’exemple d’une autre vie. Maintenant, Pierre, ne redoute plus la mort, car il vit, celui dont tu pleurais la mort et à qui tu interdisais, par un sentiment charnel, de mourir pour nous. Tu osais vouloir précéder le guide et tu tremblais devant ses persécuteurs ; maintenant qu’il a versé son sang pour toi, il est temps de suivre celui qui t’a racheté et de le suivre jusqu’à la mort de la croix. Tu as entendu les paroles de celui dont tu as éprouvé la véracité : celui qui t’a prédit ton martyre et qui t’avait prédit ton reniement.

Mais le Seigneur commence par demander ce qu’il savait, et non pas une fois, mais deux et trois fois : est-ce que Pierre l’aime ? Et autant de fois il entend Pierre affirmer son amour, autant de fois il charge Pierre de conduire ses brebis. La triple confession compense le triple reniement, pour que la bouche ne serve pas moins à l’amour qu’à la peur, et que la mort menaçante ne paraisse pas avoir provoqué plus de paroles que la vie présente. Conduire le troupeau du Seigneur doit être la fonction de l’amour, puisque renier le berger fut l’expression de la peur.

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