Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Samedi 3e semaine de Pâques (I)

Homélie de saint Amédée de Lausanne, évêque

Hom. 7 : SC 72, 182-184

Tandis que je médite et que très souvent je reviens en esprit sur l’assomption de la Mère de Dieu, une question se présente à moi, digne d’examen, utile à résoudre et qui vous paraîtra très douce, une fois communiquée. On se demande, en effet, pourquoi lors de l’ascension du Seigneur, sa mère, qui l’entourait d’une telle affection ne l’a pas suivi aussitôt. Aucune ombre de péché de l’avait ternie, aucune tache n’avait éclaboussé sa vie ; sa charité la rendait plus ardente qu’un brasier, sa chasteté plus brillante que la lumière, son enfantement virginal inouï plus éclatante même que les habitants des cieux : il paraît donc étonnant qu’elle n’ait pas été aussitôt entraînée dans les airs avec son Fils.

Pourquoi ne monte-t-elle pas avec lui quand il monte ? Certes, sa chair très sainte qui fut enceinte de l’Esprit Saint, qui se gonfla du germe du grand roi, dans laquelle Dieu s’est fait homme, le Verbe s’est fait chair, et où, par la médiation du Christ, la plénitude de la divinité demeura corporellement, eût dû, semble-t-il, être introduite au ciel dès que le Seigneur y fut monté. Pourquoi donc fut-elle retardée même d’un instant, et séparée de son Fils ? Pourquoi son désir si saint, plus ardent que le feu, fut-il différé ?

C’est que ce délai ne fut pas une mince consolation pour les disciples du Christ. Ce délai n’ôta rien à la mère et il apporta au monde des remèdes de salut. Le Seigneur Jésus voulut, en effet, que, après son retour auprès du Père, les apôtres pussent jouir de l’assistance et de l’éducation maternelles. Bien que déjà instruits par l’Esprit, ils avaient encore à apprendre de celle qui donna au monde le soleil de justice et fit jaillir pour nous de son sein immaculé, comme d’une prairie virginale, la source de la sagesse. Enfin, dans son admirable bonté, la Providence a voulu que l’Église primitive, qui ne voyait plus Dieu présent dans notre chair, pût voir sa mère et être réconfortée par cette vue si aimable.

 

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