Saint Matthias, apôtre (I)
Traité de Tertullien, prêtre,
sur la prescription contre les hérétiques
Cap. 20, 1-9 : SC 46, 112-114
Le Christ Jésus notre Seigneur, pendant son séjour sur terre déclarait lui-même ce qu’il était, ce qu’il avait été, de quelles volontés du Père il était chargé, quels devoirs il prescrivait à l’homme, soit ouvertement à la foule, soit à par, à ses disciples dont il avait choisi douze pour vivre à ses côtés et être plus tard les docteurs des nations. Après la chute de l’un d’eux, il ordonna aux onze autres au moment de retourner chez son Père, après la résurrection, d’aller et d’enseigner les nations, et de les baptiser dans le Père, le Fils et l’Esprit Saint.
Aussitôt donc les apôtres – ce terme signifie envoyés – choisirent par le sort le douzième apôtre, Matthias, en remplacement de Judas, selon l’autorité de la prophétie du psaume de David. Ils reçurent la force promise de l’Esprit Saint, pour faire des miracles et parler en langues. Ils établirent d’abord en Judée la foi en Jésus-Christ et instituèrent des Églises, puis ils partirent de par le monde et annonçaient aux nations la même doctrine et la même foi.
Et dans chaque cité ils fondèrent des Églises, auxquelles dès lors les autres Églises empruntèrent la bouture de la foi et la semence de l’enseignement, et l’empruntent tous les jours pour devenir elles-mêmes des Églises. Et par cela, elles aussi sont considérées comme apostoliques, en tant que rejetons des Églises apostoliques.
Tout doit nécessairement être caractérisé par l’origine. Voilà pourquoi tant de si grandes Églises ne sont que l’Église primitive dont toutes procèdent. Elles sont toutes primitives, toutes apostoliques, puisque toutes sont une. Pour attester cette unité, elles se communiquent la paix, elles échangent le nom de frères et se rendent les devoirs de l’hospitalité. Ces lois ne sont par nulle autre raison que la tradition unique d’un même mystère.