6e dimanche de Pâques (C)
« L’Esprit Saint vous fera souvenir
de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 23-29)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »
Sermon de saint Bernard, abbé, sur le Cantique des cantiques
Sermo 27, 8-10 : EC 1, 187-189
J’estime que toute âme configurée au modèle qui vient du ciel, non seulement est céleste par son origine, mais encore peut être à bon droit appelée ciel du fait même qu’elle lui est semblable. C’est alors qu’elle montre à l’évidence qu’elle tire vraiment son origine du ciel, lorsque toute sa vie est dans le ciel. Celui qui, instruit par le Sauveur, sait que Dieu est esprit et qu on doit l’adorer en esprit, ne fait pas difficulté à lui assigner également une habitation spirituelle. Pour moi, je la trouverais assurément aussi bien dans l’esprit de l’homme juste que dans celui de l’ange. Et c’est surtout cette promesse digne de foi qui me confirme en se sens : Le Père et moi, dit le Fils, nous viendrons à lui, – c’est-à-dire l’homme saint – et nous ferons en lui notre demeure.
Le Prophète aussi, à mon avis, n’a pas parlé d’un autre ciel en disant : Tu habites un sanctuaire, louange d’Israël. Et l’Apôtre dit clairement que le Christ habite en nos cœurs par la foi. Rien d’étonnant à ce que le Seigneur Jésus habite volontiers ce ciel pour lequel il n’a pas dit simplement qu’il soit, comme pour les autres cieux, mais pour lequel il a combattu afin de l’acquérir, pour lequel il est mort afin de le racheter. Aussi ayant réalisé son souhait, il dit après ce labeur : Voilà mon repos pour les siècles des siècles ; j’y habiterai parce que je l’ai choisi. Et bienheureuse celle à qui il est dit : Viens, mon élue, et je placerai en toi mon trône.
Pourquoi t’attrister maintenant, ô mon âme, et pourquoi me troubler ? Penses-tu trouver toi aussi un lieu pour le Seigneur, qui soit en ta possession ? Et quel lieu en nous, et qui fût à nous, conviendrait à sa gloire, serait digne de sa majesté ? Puissé-je seulement adorer là où ses pieds se sont posés ! Qui me donnera de m’attacher du moins aux pas de quelque âme sainte qu’il a choisie pour son héritage ? S’il daignait seulement répandre en mon âme l’onction de sa miséricorde !
Il faut que l’âme grandisse et se dilate, pour être capable de recevoir Dieu. Son ampleur c’est sa dilection, comme dit l’Apôtre : Dilatez-vous dans la charité. Car si l’âme, comme être spirituel, ne peut avoir d’étendue, la grâce lui donne cependant ce que la nature lui a refusé. Elle grandit et s’étend, mais spirituellement ; elle grandit et progresse pour atteindre l’homme parfait, la mesure de la stature parfaite du Christ. Qu’on estime donc la grandeur de chaque âme d’après la mesure de la charité qu’elle possède.