Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Mardi 6e semaine de Pâques (I)

Lettre de saint Augustin, évêque,
sur la première lettre de Jean

Tract. 2, 8-9 : SC 75, 166-168

Tous ces privilèges, mes frères, le fait de connaître ce qui est dès l’origine, le fait d’être forts, le fait de connaître le Père, tous ces privilèges, en nous révélant le prix de la connaissance, ne nous révèlent-ils pas le prix de la charité ? Si nous connaissons, aimons ! Car la connaissance sans la charité ne sauve pas. La science enfle, la charité édifie. Si vous prétendez confesser sans aimer, vous commencez à ressembler aux démons. Les confessaient le Fils de Dieu et disaient : Qu’y a-t-il entre nous et toi ? Et le Christ les repoussait. Confessez-le et embrassez-le. Eux, en effet, craignaient à cause de leurs iniquités ; vous, aimez le rédempteur de vos iniquités !

Mais comment pourrons-nous aimer Dieu, si nous aimons le monde ? Dieu prépare donc en nous l’inhabitation de la charité. Il y a deux amours : du monde et de Dieu ; là où habite l’amour du monde, nul accès à l’amour de Dieu. Que l’amour du monde cède la place, et que Dieu habite en nous : que le meilleur occupe la place. Tu aimais le monde, renonce à l’amour du monde ; lorsque tu auras vidé ton cœur de tout amour terrestre, tu puiseras l’amour de Dieu : et déjà commence d’habiter en toi la charité, d’où ne peut provenir aucun mal. Écoutez donc les paroles de celui qui ne veut que purifier. Le cœur humain est pour lui comme un champ : mais en quel état le trouve-t-il ? Sil y trouve une forêt, il défriche ; s’il trouve un champ nettoyé, il plante. Il veut y planter un arbre, la charité. Et quelle forêt veut-il défricher ? L’amour du monde. Écoute ce que dit le défricheur de forêt : N’aimez pas le monde – c’est le verset qui suit – ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, la dilection du Père n’est pas en lui.

Vous avez entendu : Si quelqu’un aime le monde, la dilection du Père n’est pas en lui. Que personne ne dise en son cœur que cela est faux, mes frères ! C’est Dieu qui le dit, le Saint-Esprit a parlé par la bouche de l’Apôtre, rien n’est plus vrai : Si quelqu’un aime le monde, la dilection du Père n’est pas en lui. Tu veux être l’objet de la dilection du Père, pour être le cohéritier de son Fils ? Garde-toi d’aimer le monde ! Chasse le mauvais amour du monde pour te laisser emplir de l’amour de Dieu. Tu es un vase, mais encore plein : verse ce qui est en toi pour recevoir ce qui n’y est pas. Certes nos frères sont déjà renés de l’eau et de l’Esprit. Il nous est bon de ne pas aimer le monde : autrement les sacrements demeureraient en nous pour notre condamnation, au lieu d’être une force de salut. La force de salut, c’est d’avoir la racine de la charité, la vertu de piété, non pas seulement la forme extérieure de la vie chrétienne.

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