Mercredi 7e semaine de Pâques (I)
Commentaire de saint Augustin, évêque
sur la première lettre de Jean
Tract. 10, 7-8 : SC 75, 428-430
Il n’est pas besoin, frères, que nous nous efforcions de dilater vos cœurs : demandez à Dieu de vous aimer les uns les autres. Aimez tous les hommes, même vos ennemis ; non parce qu’ils sont vos frères, mais pour qu’ils soient vos frères : en sorte que toujours vous brûliez d’amour fraternel, soit pour celui qui est déjà votre frère, soit pour votre ennemi, afin que, à force d’amour, vous en fassiez votre frère. Chaque fois que vous aimez un frère, vous aimez un ami. Dès maintenant il est avec toi, dès maintenant il est lié à toi dans une unité qui s’étend à la totalité des hommes. Si tu vis bien, ton amour fait un frère de celui qui est ton ennemi.
Mais tu aimes quelqu’un qui ne croit pas encore au Christ ou qui, s’il croit au Christ, croit à la façon des démons, tu lui reproches la vanité de son erreur. Mais toi, aime-le, et aime-le d’un amour fraternel : il n’est pas encore ton frère, mais tu l’aimes en sorte qu’il le devienne. Tout notre amour fraternel s’adresse donc à des chrétiens, à tous les membres du Christ. La règle de la charité, mes frères, sa force, ses fleurs, ses fruits, sa beauté, son charme, sa nourriture, sa boisson, ses aliments, ses embrassements ignorent la satiété. Si elle a pour nous tant de charmes, alors que nous voyageons ici-bas, quelle pas notre joie quand nous serons dans la patrie ?
Étends la charité au monde entier, si tu veux aimer le Christ : car les membres du Christ s’étalent sur le monde entier. Si tu n’aimes qu’une partie du corps, tu es divisé ; si tu es divisé, tu n’es plus dans le corps ; si tu n’es plus dans le corps, tu n’es plus sous l’influence de la tête. À quoi bon croire, si en même temps tu outrages ? Tu l’adores en sa tête, tu l’outrages en son corps. Lui, il aime son corps. Si toi, tu te retranches du corps, la tête ne se retranche pas de son corps. C est en vain que tu m’honores.