Dimanche de la Très Sainte Trinité (C)
« Tout ce que possède le Père est à moi ;
l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-15)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Homélie de saint Augustin, évêque, sur l’Évangile de Jean
Tract. 99, 4 : CCL 36, 584-585
Il ne faut pas s’étonner si la science ineffable de Dieu, par laquelle il connaît tout, est désignée selon les expressions variées du langage humain, sous les noms de tous les organes des sens ; puisque notre esprit lui-même, c’est à dire l’homme intérieur, réalise l’unification du savoir grâce aux informations diverses que lui fournissent, comme autant de messagers, les cinq sens du corps humain. Et lorsque notre esprit comprend, choisit, aime la vérité immuable, il voit la lumière, dont il est dit : Il était la vrai lumière ; il entend le Verbe, dont il est dit : Au commencement était le Verbe ; il sent l’odeur, dont il est dit : À l’odeur de tes parfums, nous courrons ; il se désaltère à la source, dont il est dit : En toi est la source de vie ; il connaît la joie de ce toucher, dont il est dit : Pour moi, il m’est bon d’adhérer à Dieu ; et sous les termes qui nomment toutes ces opérations des sens, ce n’est pas une chose et une autre, qui est désignée, mais une seule et même appréhension de l’intelligence.
Et lorsqu’il est dit, au sujet de l’Esprit-Saint : Ce n’est pas de lui-même qu’il parlera, mais tout ce qu’il aura entendu, il le redira, combien davantage s’agit-il ici d’une nature simple, puisqu’elle est absolument simple par essence : c’est ce qu’il nous faut comprendre, ou du moins croire, puisque cette nature surpasse de beaucoup, en étendue et en élévation, celle de notre esprit. Car il est sujet au changement, notre esprit : lorsqu’il apprend, il saisit ce qu’il ne connaissait pas encore ; et lorsqu’il oublie, il perd ce qu’il savait déjà ; il est trompé par les apparences du vrai, au point de prendre le faux pour le vrai ; et l’obscurité qui l’habite, comparable à quelque ténèbre, l’empêche de parvenir au vrai.
Et donc, cette substance, l’âme humaine, n’est pas absolument simple, puisque, pour elle, être n’est pas connaître : elle peut en effet être sans connaître. Tandis que la substance divine ne peut pas être sans avoir la connaissance, parce qu’elle est ce qu’elle a. Et, par le fait, elle ne possède pas la science de telle manière, qu’en elle, autre soit la science, principe du savoir, et autre l’essence, principe de l’être. L’une et l’autre ne sont qu’une seule et même chose. On ne devrait pas même dire : l’une et l’autre, là où il n’y en a qu’une, simple par essence.
De même que le Père a la vie en lui-même, et qu’il n’est lui-même rien d’autre que la vie qui est en lui ; de même il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même, c’est-à-dire qu’il a engendré un Fils, qui lui-même serait la vie. Donc, voici comment il nous faut comprendre ce qui est dit au sujet de l’Esprit-Saint : Ce n’est pas de lui-même qu’il parlera, mais tout ce qu’il aura entendu, il le redira ; nous devons comprendre qu’il n’est pas (issu) de lui-même. Seul, en effet, le Père tire son origine de lui-même. Car le Fils est né du Père, et l’Esprit-Saint procède du Père. Tandis que le Père ne naît pas d’un autre, et ne procède non plus d’aucun autre.