Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Samedi 6e semaine de Pâques (I)

Commentaire de saint Augustin, évêque
sur la première lettre de Jean

Tract. 5, 12 : SC 75, 268-270

Comment débute la charité, frères ? Encore un peu d’attention ! Vous savez quelle en est la perfection : le Seigneur lui-même nous en fait connaître dans l’Évangile la fin et la mesure : Il n’est pas de plus grande charité dit-il, que de donner sa vie pour ses amis. Il nous montre donc dans l’Évangile quelle en est la perfection et, dans cette Épître, nous sommes invités à atteindre cette perfection. Mais vous nous interrogez et vous vous dîtes : « Quand pourrons-nous avoir pareille charité ? » Ne désespère pas trop vite de toi-même ! Peut-être la charité est-elle née en toi, mais est-elle encore imparfaite : nourris-la pour qu’elle ne soit pas étouffée. Mais, me diras-tu : « Comment le savoir ? » Nous savons quelle en est la perfection ; apprenons comment elle débute.

Jean poursuit : Si quelqu’un, possédant les biens de ce monde, voit son frère dans le besoin et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu peut-il demeurer en lui ? Voilà où commence la charité. Si tu n’es pas capable de mourir pour ton frère, sois déjà capable de lui donner de tes biens. Que déjà la charité émeuve tes entrailles, afin de te faire agir non par ostentation, mais par surabondance de miséricorde venue du fond du cœur ; qu’elle te rende attentive à la misère de ton frère. Si tu ne peux donner à ton frère de ton superflu, comment pourrais-tu donner ta vie pour lui ? L’argent qui gît en ton sein, les voleurs peuvent te l’enlever et, à défaut de voleurs, la mort t’en séparera, même si tu ne t’en sépares pas de ton vivant : que vas-tu en faire ?

Ton frère a faim, il est dans le besoin : peut-être attend-il anxieusement, pressé par un créancier. Il ne possède rien, toi, tu possèdes ; il est ton frère, vous avez été rachetés ensemble, tous deux au même prix, tous deux rachetés par le sang du Christ : vois si tu as compassion de lui, toi qui possède les biens du monde. En quoi cela me regarde-t-il, diras-tu peut-être. Moi, je donnerais mon argent, pour soustraire cet homme aux affres de la misère ? Si c’est là ce que te répond ton cœur, l’amour du Père ne demeure pas en toi. Si l’amour du Père ne demeure pas en toi, tu n’es pas né de Dieu. Comment te glorifier d’être chrétien ? Tu en as le nom, tu n’en as pas les œuvres. Mais si le nom est ratifié par les œuvres, on pourra te traiter de païen ; toi, montre par tes actes que tu es chrétien. Car si, par tes actes, tu ne montres pas que tu es chrétien, tous auront beau t’appeler chrétien, à quoi te sert le nom là où n’est pas la chose ? Si quelqu’un possédant les biens de ce monde, voit son frère dans le besoin et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu peut-il demeurer en lui ? Et il poursuit : Petits enfants, n’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité.

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