Lundi 5e semaine de Pâques (I)
Sermon de saint Ambroise, évêque, sur le psaume 118
Sermo 20, 54-55 : CSEL 62, 471-472
Vois : J’ai aimé tes préceptes Seigneur ! En ta miséricorde, donne-moi la vie. Le Psalmiste demande au Seigneur de regarder la ferveur de son amour. Nul ne dit : Vois, s’il n’estime qu’une fois vu il plaira. Et il a raison de dire : Vois ; il le dit conformément à la Loi ; car la Loi prescrit que tout homme, trois fois par an, se présente au regard du Seigneur. Chaque jour, le saint va au-devant du Seigneur, chaque jour il se présente à lui ; et il ne se présente pas les mains vides. Car il n’est pas vide, celui qui a reçu la plénitude du Verbe. David n’était pas dépourvu de tout bien quand il disait : Notre bouche s’emplit de rires, car la joie est un fruit de l’Esprit Saint. Et de même que nous avons tous reçu de la plénitude du Verbe, comme le dit saint Jean, ainsi l’Esprit Saint a-t-il, lui aussi, rempli de sa plénitude tout l’espace terrestre.
Zacharie n’était pas dépourvu de tout bien, lorsque, rempli de l’Esprit Saint, il prophétisait l’avènement du Seigneur Jésus. Paul n’était pas vide, lui qui évangélisait en abondance : il était rempli, quand il recevait des Éphésiens le parfum de suave odeur, l’offrande agréable à Dieu. Les Corinthiens n’étaient pas vides, puisqu’en eux abondait la grâce de Dieu, au témoignage du même Apôtre. David s’offrait chaque jour à Dieu, et il ne s’offrait pas dépourvu de tout bien, puisqu’il pouvait dire : J’ai ouvert la bouche, j’ai aspiré l’Esprit. C’est quoi il pouvait ajouter : Vois : j’ai aimé tes préceptes. Écoute pour apprendre en quoi tu dois t’offrir toi-même au Seigneur dans les choses qui se voient, mais dans celles qui ne se voient pas et cela dans le secret, afin que ton Père qui voit dans le secret te le rende, et qu’il récompense ton amour fidèle.
J’ai aimé tes préceptes. Il n’a pas dit : Je les ai observés. Il n’a pas dit : Je les ai gardés. Évidemment ceux qui ne comprennent pas ne savourent pas avec amour, et ne gardent pas. Mais celui qui est parfait en intelligence, parfait en sagesse aime : c’est plus que garder. Garder, en effet, pourrait souvent venir de la nécessité ou de la crainte, tandis qu’aimer relève de la charité. Celui qui évangélise, garde ; celui qui évangélise par volonté reçoit une récompense ; combien plus celui qui aime sera-t-il gratifié d’une récompense ! Car nous pouvons ne pas aimer ce que nous voulons ; mais nous ne pouvons pas ne pas vouloir ce que nous aimons.