Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Lundi de la 2e semaine de Pâques (II) – 2e nocturne

Homélie d’Eusèbe le Gallican, moine

Hom. 14, 1-2 : CCL 101, 165-166

Nous savons que le grand et admirable sacrement du baptême fut consacré dès les temps reculés de l’ancienne loi. De siècle en siècle, nul ne l’ignore : comme le bienheureux Moïse faisait sortir de la terre d’Égypte et du joug d’un indigne esclavage le peuple du Seigneur — nul ne l’ignore — pour faire passer au peuple la mer Rouge, l’abîme s’ouvrit, à la stupeur des éléments naturels. En premier lieu, étudions ici avec soin ce qu’un tel esclavage et un tel passage peuvent nous apporter d’édification. Car le bienheureux Apôtre dit : Tout cela fut fait en figure de ce qui nous arrive. Il confirme, par autorité d’en haut, que les signes et les miracles de ce temps-là se référaient aux mystères de la Rédemption future ; car il dit : Nos pères furent tous sous la nuée ; au temps de Moïse, ils furent tous baptisés dans la nuée et dans la mer.

C’est donc pour notre salut, oui, pour le nôtre, que la puissance divine, dès ce temps-là, bataillait en conduisant ce peuple : puissance divine merveilleusement riche en ses bienfaits, mais toujours plus riche encore dans l’accomplissement dont ces miracles étaient les promesses. Certes, le bienheureux Moïse fut le chef des Hébreux ; mais, dans la colonne de lumière et de nuée, c’étaient le Fils et l’Esprit Saint qui marchaient à leur tête. Ici, reconnaissons d’abord qu’un peuple docile à écouter ses chefs suit en réalité Dieu lui-même, et que par un homme de Dieu il parvient au salut ; donc les fils d’Israël qui devaient, par des voies difficiles, arriver au séjour du repos et du règne, ont obtenu la faveur d’être accompagnés par Dieu quand ils n’ont pas repoussé le gouvernement de Moïse, leur chef, et de leur prêtre.

Et il y a de bonnes raisons pour que l’ennemi n’ait pu les atteindre : la lumière a marché devant eux, les flots se sont épouvantés. C’est ainsi que le Prophète l’atteste en effet : Il menaça la mer Rouge, et elle recula, et encore : La mer vit et s’enfuit. Que vit-elle ? Exactement ceci : Qu’il faut croire au baptême. Sans nul doute, le terrible abîme fut horrifié devant le mystère de la majesté qui était là, et il céda la place à la puissance de son auteur. Fidèles à l’Écriture, laissons, nous aussi, derrière nous nos vices et nos crimes ; et que chacun de nous courre derrière le Christ, le cœur tendu vers lui. Le chrétien ne craindra pas le diable inventeur du péché. Car telle est la nature et la faiblesse de l’ennemi : quand tu t’éloignes de lui, il cède ; et derrière ton dos, si tu suis la loi du Seigneur comme les Hébreux suivirent Moïse, il est perdu. Cet ennemi-là, le fuir, c’est l’avoir vaincu.

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