Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Mardi 4e semaine de Pâques (I)

Sermon de saint Pierre Chrysologue, évêque

Sermo 108, 3-5 : CCL 24A, 669-671

Je vous adjure par la miséricorde de Dieu. Saint Paul nous demande, ou plutôt c’est Dieu qui nous demande par l’intermédiaire de saint Paul : Dieu veut être aimé plus qu’il ne veut être craint. Dieu demande parce qu’il ne veut pas tellement être Seigneur qu’être père. Dieu demande avec miséricorde pour ne pas exiger avec rigueur. Mais écoutons maintenant l’adjuration de l’Apôtre : Je vous adjure d’offrir vos corps. L’Apôtre, par cette demande, a fait accéder tous les hommes au sommet du sacerdoce : d’offrir vos corps comme un sacrifice vivant.

Quelle fonction sans précédent que celle du sacerdoce chrétien ! L’homme y est à lui-même et la victime et le prêtre ; l’homme n’a pas à chercher au dehors ce qu’il doit immoler à Dieu ; l’homme apporte avec lui et en lui ce qu’il doit offrir pour lui-même à Dieu en sacrifice ; la victime demeure la même, tandis que le prêtre reste aussi le même ; la victime qu’on frappe reste vivante, et le prêtre ne meurt pas puisqu’il doit officier. Étonnant sacrifice où le corps est offert sans qu’il y ait de corps, où le sang est offert sans que le sang soit versé ! Je vous adjure, par la miséricorde de Dieu, d’offrir vos corps en sacrifice vivant.

Mes frères, ce sacrifice du Christ dépend du modèle qu’il nous en a donné, lorsqu’il a immolé son corps pour que sa vie donne la vie au monde ; et vraiment il a fait de son corps un sacrifice vivant, puisqu’il vit en étant immolé. Avec une telle victime, la mort est donnée en rançon, le sacrifice demeure, le sacrifice est vivant, la mort reçoit son châtiment. C’est pourquoi les martyrs naissent en mourant, commencent leur vie lorsqu’ils la finissent, vivent par leur mise à mort, et brillent dans le ciel alors que sur la terre on croyait à leur extinction. Dieu désire la foi, et non la mort ; il a soif de prières et non de sang ; il se laisse réconcilier par le bon vouloir, non par le meurtre.

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