Mercredi 2e semaine de Pâques (I)
Sermon de saint Césaire d’Arles, évêque
Sermo 203, 1-2 : CCL 104, 817-818
Réjouissez-vous, frères bien-aimés, car le prix de notre rédemption a été versé, et au-delà ! Nous ne comptons certes pas pour peu de chose, si le Rédempteur s’est fait lui-même notre rançon. Car le Christ, Seigneur et Sauveur, est né pour nous enseigner, est mort pour nous guérir, est ressuscité pour nous combler de dons. La croix fut l’instrument de la mort du Christ, mais aussi celui du salut des chrétiens. Le Sauveur s’est levé, manifesté par tous les indices de sa divinité ; car, au sortir du sein, une étoile lui fit cortège ; et, au sortir du tombeau, la gloire. Avant sa naissance, un ange l’annonça ; quand il se retire, un ange le garde. Les enfers rendent le vainqueur, les cieux accueillent le triomphateur. Naissant, il mit fin à l’errance ; tué, il écrasa la mort sous ses pieds. Il rappela des enfers celui qu’il avait créé ; à sa croix étaient suspendus notre rançon et notre royaume.
La créature revient à la lumière avec le Seigneur, elle qui s était enténébrée par sa propre faute : oui, tu as eu le bonheur de recevoir cette lumière de la lumière que tu avais perdue au moment où le Christ ferma les yeux. Que ceux d’en haut rejettent les ténèbres, car notre Sauveur les a refusées aux enfers mêmes. Tous les éléments qui avaient pleuré doivent ici se réjouir, car le Christ n’a rien perdu de sa majesté, et il a délivré l’homme qu’il avait créé. Et pourtant les Juifs scellèrent la pierre du tombeau, pour que le Christ n’eût pas d’issue ; mais si l’univers ne peut le contenir, comment une sépulture le garderait-elle ? Comment retenir dans le tombeau celui qui règne en tous lieux ? Il aurait de la peine à se relever, s’il n’en avait relevé d’autres avant de se relever. Et comment ne pourrait-il sortir du tombeau, celui qui naquit sans porter atteinte à la virginité d’une mère inviolée ? Il déçut les gardes, s’élança du tombeau, apparut aux disciples alors que les portes n’étaient pas ouvertes. Enfermé, il sortit du tombeau ; et les portes fermées, il entra au cénacle.
Jusque dans la mort il réalisa le mystère caché de son infinie majesté. Crucifié, il revient des enfers et triomphe. Porte ta main, Thomas, dans le côté du Sauveur ; touche les plaies qu’ont faites nos péchés ; examine d’où le sang a coulé pour nous verser le philtre guérisseur. Contemple, Thomas, notre prix, regarde avec soin les marques des clous ; et dans ces plaies même, reconnais le remède ou le trésor inépuisable du genre humain.