Vendredi 2e semaine de Pâques (I)
Sermon de saint Proclus de Constantinople, évêque
Sermo 1 de resur., 5 : SC 202, 224-226
Grande est la grâce de Jean, mes bien-aimés ! Un homme de trois coudées est entré, en esprit et en pensée, dans le ciel, avec le Verbe, à la suite du Verbe. Par la foi, il l’a contemplé sortant du sein du Père sans passion, engendré Dieu de Dieu. Il a vu l’Esprit Saint adoré avec le Père et le Fils, la Trinité glorifiée dans l’unité où se discernent trois hypostases, bien qu’elle soit une dans l’essence. Et l’évangéliste s’est trouvé plus élevé que les séraphins : car ceux-ci se voilent la face sous l’éclat de la divinité ; mais lui, par la puissance de la grâce, il est devenu le théologien de la génération divine et de la substance divine.
Il reprend et vient aux faits, descendant du ciel sur la terre : Le Verbe s’est fait chair. Jean a vu le mystère de Dieu, étranger au changement et à la mutation. Il a vu le Verbe devenant chair sur la terre sans se détourner des cieux. Il a vu la Vierge enfantant, et la virginité inviolée. Il a vu le sein plus vaste que le ciel, il a vu la mère inépousée et l’enfantement exempt de douleurs. Il a vu celui qui a été enfanté comme homme. Il a vu un nouveau-né, mais ce nouveau-né qui est l’homme parfait avant les siècles. Il a vu mort dans le tombeau celui qui fait lever les morts de leur tombeau. Il a vu à l’heure de sa résurrection celui qui avait annoncé la résurrection. Il a vu descendant aux enfers le même qui remonta aux cieux : car les enfers rejetèrent celui qu’ils avaient englouti sans le savoir.
Mais qui est-il donc, celui que Jean a vu ? Qui ? Celui qui incline les cieux et descend, mais ne fait pas de bruit ; celui qui demeure caché aux puissances d’en haut ; celui qui, prenant chair d’une vierge, ne laissa pas vide le trône paternel ; celui qui est sans mère dans les cieux, Dieu né de Dieu, mais qui sur terre est né d’une mère, fils d’une vierge ; celui qui par amour des hommes s’est fait homme à cause des hommes ; celui qui était avant les siècles, créateur des siècles, qui d’une parole a fait et parfait le monde avec puissance, le Verbe ineffable du Père, le Fils consubstantiel à celui qui l’engendre, Dieu éternel qui n’a pas de commencement et qui pourtant a voulu commencer d’être.