Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

5e dimanche de Pâques (C)

« Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13, 31-33a.34-35)

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

 

Commentaire de Rupert de Deutz, abbé, sur l’Évangile de Jean

Lib. 11 : CC CM 9, 618-619

Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu à son tour le glorifiera en lui-même. Et il glorifiera bientôt. Parce qu’il était nuit, notre Seigneur, qui est le jour éternel et le soleil de justice, use d’un parallèle antithétique, signifiant que sa glorification est déjà là, cette gloire dont par la suite il illuminera le monde, tandis que le disciple traître et tous les impies demeureront dans la nuit du péché. Et en répétant plusieurs fois le mot « glorification », il annonce désormais clairement, et avec des paroles consolantes pour ses disciples attristés, la gloire de sa passion qui brillera jusqu’aux enfers, la gloire de sa résurrection et de son ascension, et encore la grâce de l’effusion de l’Esprit. Maintenant, dit-il, le Fils de l’homme est glorifié.

De quelle gloire, sinon celle dont il a dit plus haut : Et moi, si je suis élevé de terre, j’attirerai tout à moi, et : Si le grain de blé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ? Ceci, à vrai dire, n’était pas encore réalisé, mais était en train de se faire, et sans nul doute s’accomplirait jusqu’au bout. Dans ce discours, notre Seigneur emploie le verbe « glorifier », et beaucoup d’autres, au temps parfait, disant : Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, dans le même sens où il dira plus loin : Et maintenant je ne suis plus dans le monde. Mais cette glorification du Fils de l’homme est sans aucun doute la glorification de Dieu.

Elle n’est pas, pour le Fils, la sienne propre, dans le même sens où il dit ailleurs qu’il ne cherche pas sa gloire, mais qu’il honore son Père, en ceci qu’il s’est fait obéissant au Père jusqu’à la mort, et à la mort sur la croix. Il dit donc : Et Dieu a été glorifié en lui. Quelqu’un demandera peut-être : « Comment peut-on savoir que ce Fils de l’homme a glorifié Dieu par sa mort ? » Il prévient l’objection en disant : Vous en aurez cette preuve : Si Dieu a été glorifié en lui, c’est-à-dire dans sa mort, Dieu à son tour le glorifiera en lui-même, c’est-à-dire en le ressuscitant des morts, et en l’établissant à sa droite dans les cieux.

Puis, il le glorifiera bientôt, c’est-à-dire sans retard, parce qu’il donnera en son nom l’Esprit Saint qui aussitôt ornera d’une grande lumière les cieux nouveaux et élèvera le firmament de la grâce nouvelle où doit briller le soleil de justice, c’est-à-dire ce Fils de l’homme si resplendissant et si haut que personne ne peut se cacher de sa lumière.

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