Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Lundi 6e semaine de Pâques (I)

Lettre de saint Augustin, évêque,
sur la première lettre de Jean

Tract. 1, 9 : SC 75, 132-134

À ce signe, dit saint Jean, nous savons que nous le connaissons, si nous gardons ses commandements. Quels commandements ? Qui dit qu’il le connaît et ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. Mais tu demandes de nouveau : « Quels commandements ? » Qui garde sa parole, dit Jean, c’est en lui que la dilection de Dieu est vraiment parfaite. Voyons si le commandement même n’est pas la dilection. Nous nous demandions, en effet, quels sont ces commandements, et Jean nous dit : Qui garde sa parole, c’est en lui que la diletion de Dieu est vraiment parfaite. Reporte-toi à l’Évangile : n’y trouves-tu pas ce commandement : Je vous donne, dit-il, un commandement nouveau : de vous aimer les uns les autres. À ce signe nous savons que nous sommes en lui, si en lui nous sommes parfaits ? Il veut dire parfaits dans la dilection.

Quelle est la perfection de la dilection ? D’aimer même nos ennemis et de les aimer à cette fin qu’ils deviennent nos frères. Notre dilection, en effet, ne doit pas être charnelle. Souhaiter à quelqu’un la santé corporelle, c’est bien ; mais celle-ci fit-elle défaut, que l’âme soit sauve ! Tu souhaites que ton ami vive ? Tu fias bien. Tu te réjouis de la mort de ton ennemi ? Tu fais mal. Mais peut-être cette vie que tu souhaites à ton ami lui est-elle nuisible, et cette mort dont tu te félicites que ton ennemi soit victime lui est-elle utile. On ne saurait dire si, pour tel ou pour tel, cette vie est un bien ou un mal ; mais la vie auprès de Dieu est, sans conteste, un bien. Aime tes ennemis en souhaitant qu’ils deviennent tes frères ; aime tes ennemis en demandant qu’ils soient appelés à entrer en communion avec toi.

C’est ainsi, en effet, qu’a aimé celui qui, suspendu à la croix, disait : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Il n’a pas dit : « Père, fais en sorte qu’ils vivent longtemps ; moi, ils me mettent à mort ; mais eux, qu’il vivent ! » Non, que dit-il ? Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Il voulait les arracher à la mort éternelle, par une prière toute de miséricorde et une puissance toute de force. Nombre d’entre eux crurent, et il leur fut pardonné d’avoir versé le sang du Christ. D’abord ils le versèrent en s’acharnant contre lui, ensuite ils le burent en croyant en lui. À ce signe nous savons que nous sommes en lui, si en lui nous sommes parfaits. C’est à cette perfection de l’amour des ennemis que le Seigneur nous invite, lorsqu’il dit : Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.

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