Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Lundi 7e semaine de Pâques (I)

Commentaire de saint Augustin, évêque
sur la première lettre de Jean

Tract. 7, 7 : SC 75, 324-326

En cela s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous. Voilà qui nous invite à aimer Dieu. Pourrions-nous l’aimer, s’il ne nous avait aimés le premier ? Si nous étions paresseux à l’aimer, ne soyons pas paresseux a lui rendre amour pour amour. Il nous a aimés le premier ; mais pour nous il n’en va pas de même. Il nous a aimés pécheurs, mais il a effacé le péché ; il nous a aimés pécheurs, mais il ne nous a pas rassemblés pour que nous commettions le péché. Il nous a aimés malades, mais il est venu parmi nous pour nous guérir. Dieu est donc amour. En cela s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous, qu’il a envoyé son Fils unique dans le monde, pour que nous vivions par lui. C’est le Seigneur lui-même qui le dit : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ; et voici maintenant la preuve de cet amour du Christ pour nous : il est mort pour nous.

Et l’amour du Père, quelle preuve en avons-nous ? Celle-ci : que, pour nous, il a envoyé son Fils unique à la mort : l’apôtre Paul nous le dit à son tour : Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous aurait-il pas tout donné ? Voici le Christ livré par le Père, livré par Judas : le geste n’est-il pas apparemment le même ? Judas est un traître ; alors Dieu le Père aussi est un traître ? Loin de nous cette pensée, dis-tu ! Mais ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’Apôtre : Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous. Le Père l’a livré, et il s’est livré ! Ce même Apôtre le dit : Il m’a aimé et s’est livré pour moi. Si le Père a livré le Fils et si le Fils s’est livré lui-même, Judas qu’a-t-il fait ?

Acte de livrer de la part du Père, acte de livrer de la part du Fils, acte de livrer de la part de Judas : il y a là un seul et même acte. Mais qu’est-ce qui distingue le Père livrant son Fils, le Fils se livrant lui-même, Judas le disciple livrant son maître ? Ceci : ce que le Père et le Fils ont fait par charité, Judas l’a fait par trahison. Vous voyez qu’il faut considérer non ce que fait l’homme, mais dans quel esprit et quelle intention il le fait. Dans une même action, nous voyons Dieu le Père faire ce que fait Judas : nous bénissons le Père, nous maudissons Judas. Pourquoi bénir le Père, maudire Judas ? Nous bénissons la charité, nous maudissons l’iniquité. De quels biens le genre humain n’est-il pas redevable au Christ livré à la mort ? Est-ce là ce que Judas avait en vue en le livrant ? Dieu avait en vue notre salut en nous rachetant ; Judas avait en vue l’argent en vendant son maître. Le Fils lui-même avait en vue le prix qu’il donnerait pour nous ; Judas avait en vue le prix qu’il recevrait en le vendant. La diversité de l’intention fait la diversité des actes.

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