Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Mercredi 6e semaine de Pâques (I)

Commentaire de saint Augustin, évêque
sur la première lettre de Jean

Tract. 3, 12-13 : SC 75, 208-210

Voilà ce que j’avais à vous écrire touchant ceux qui cherchent à vous égarer : afin que vous sachiez que vous avez reçu l’onction et que l’onction que nous avons reçue de lui demeure en nous. L’effet sacramentel de l’onction, c’est la vertu invisible elle-même, l’onction invisible, l’Esprit Saint ; l’onction invisible, c’est la charité qui, en quiconque qu’elle soit, sera pour lui comme une racine que le soleil, si brûlant soit-il, ne peut dessécher. Tout ce qui est fortement enraciné se nourrit de la chaleur du soleil et ne se dessèche pas.

Et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne, parce que son onction vous enseigne sur toute chose. Que faisons-nous donc, mes frères, en vous enseignant ? Si son action vous enseigne sur toutes choses, nous travaillons comme en pure perte ! Pourquoi tant élever la voix ? Il nous suffit d’abandonner vos cœurs à son onction, et son onction vous instruira. Mais je me pose seulement cette question, je la pose aussi à l’Apôtre lui-même – qu’il daigne entendre ce chétif qui s’enquiert auprès de lui –, je lui demande à lui, Jean : « Possédait-il l’onction, ceux à qui tu parlais ? Tu dis : Son onction vous enseigne sur toutes choses. Pourquoi dès lors écrire cette lettre ? Pourquoi, toi, les enseigner, les instruire, les édifier ? »

Il y a là, mes frères, un grand mystère à méditer : le son de nos paroles frappe nos oreilles, le maître est au-dedans. N’allez pas croire qu’on apprenne quelque chose d’un autre homme. Nous pouvons attirer votre attention par le bruit de notre voix : si au-dedans n’est pas celui qui instruit, vain est le bruit de nos paroles. Qu’il parle donc, lui, au-dedans, là où nul homme ne pénètre ; car, même si quelqu’un est à tes côtés, personne n’est dans ton cœur. Mais non ! Qu’il n’y ait pas personne dans ton cœur : que le Christ soit dans ton cœur ; que son onction soit dans ton cœur, afin que ton cœur ne soit pas altéré dans le désert sans sources qui l’abreuvent. C’est donc le maître intérieur qui instruit, c’est le Christ qui instruit, c’est son inspiration qui instruit. Là où ne sont pas son inspiration et son onction, c’est en vain qu’au-dehors retentissent les paroles.

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