Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Ascension (I)

Sermon de saint Léon le Grand, pape

Sermo 60, 3-4 : SC 74, 137-138

Parmi bien des merveilles, les esprits des disciples continuaient à s’échauffer en pensées inquiètes ; le Seigneur apparut au-milieu d’eux et leur dit : La paix soit avec vous. Et pour que ne demeurât pas en eux la pensée qu’ils retournaient en leurs cœurs (ils croyaient, en effet, voir un esprit et non un corps), il leur reprocha leurs pensées contraires à la vérité et mit sous les yeux des hésitants les marques de la croix que gardaient ses mains et ses pieds, les invitant à le toucher attentivement ; il avait, en effet, voulu conserver les traces des clous et de la lance pour guérir les blessures des cœurs infidèles. Ainsi, ce ne serait pas d’une foi hésitante, mais d’une connaissance très assurée qu’ils tiendraient que la nature qui allait siéger sur le trône de Dieu le Père, était celle qui avait reposé dans le tombeau.

Pendant tout ce temps, bien-aimés, qui s’écoula entre la résurrection du Seigneur et son ascension, voilà donc à quoi la Providence de Dieu donna ses soins, voilà ce qu’elle enseigna, voilà ce qu’elle montra aux yeux et aux cœurs des siens : ainsi reconnaîtrait-on qu’était vraiment ressuscité le Seigneur Jésus-Christ qui vraiment était né et avait souffert et était mort. Aussi les bienheureux apôtres et tous les disciples, que sa mort sur la croix avait rendus tremblants et qui avaient hésité à croire à sa résurrection, furent-ils à ce point raffermis par l’évidence de la vérité que, lorsque le Seigneur partit pour les hauteurs des cieux, il ne furent affectés d’aucune tristesse mais plutôt remplis d’une très grande joie.

Et, en vérité quelle grande et ineffable cause de joie lorsqu’en présence d’une sainte multitude, la nature humaine montait plus haut que les créatures célestes de tout rang, qu’elle s’en allait dépasser les ordres angéliques et s’élever au-delà de la sublimité des archanges, ne pouvant trouver à aucun niveau, si haut fût-il, la mesure de son exaltation jusqu’à ce qu’elle fût admise à prendre place auprès du Père éternel, qui l’associait sur son trône à sa gloire après l’avoir unie dans son Fils à sa propre nature.

L’ascension du Christ est donc notre propre élévation et, là où a précédé la gloire de la tête, là aussi est appelée l’espérance du corps : laissez donc éclater notre joie comme il sied, bien-aimés, et réjouissons-nous dans une pieuse action de grâce. Aujourd’hui, en effet, non seulement nous sommes confirmés dans la possession du paradis, mais même nous avons pénétré avec le Christ dans les hauteurs des cieux ; nous avons reçu davantage par la grâce ineffable du Christ que nous n’avions perdu par la haine du diable. Car ceux que cet ennemi venimeux avait chassés du premier séjour de bonheur, le Fils de Dieu se les est incorporés pour les placer ensuite à la droite du Père, avec qui il vit et règne dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu pour les siècles des siècles. Amen.

 

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