Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Dimanche du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ (C)

« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)

 

En ce temps-là, Jésus parlait aux foules du règne de Dieu, et guérissait ceux qui en avaient besoin. Le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. » Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. » Il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers.

 

Homélie de saint Jean Chrysostome sur la première Lettre aux Corinthiens

Hom. 24, 4-5: PG 61, 204-205

Le Christ nous a donné sa chair en nourriture pour nous rassasier, nous attirant à une plus grande amitié. Donc, approchons-nous de lui avec la ferveur d’une ardente charité, pour ne pas nous exposer au châtiment. Car plus les bienfaits reçus auront été grands, plus sévères seront les peines, au cas où nous serions trouvés indignes de ces bienfaits. Même les mages ont vénéré ce corps, couché dans une mangeoire. Or ces païens étrangers, ayant laissé leur pays et leur demeure, ont parcouru un long chemin et, en arrivant, pénétrés de crainte et d’un profond respect, ils se sont prosternés en adoration.

Imitons du moins ces étrangers, nous, les citoyens des cieux ! Eux qui, pourtant, à la vue d’une mangeoire et d’une cabane, ne discernaient rien de ce que toi, tu vois maintenant, se sont approchés avec un profond respect : mais toi, ce n’est pas sur une mangeoire que tu portes ton regard, c’est sur l’autel ; ce n’est pas une femme tenant le corps, que tu vois, c’est le prêtre, qui se tient là, et c’est l’Esprit planant sur les offrandes avec une grande puissance de fécondité. Ce corps, tu ne le vois pas seulement, à l’instar des mages, mais tu connais, en ce qui le concerne, et sa puissance, et tout le plan divin ; n’ignorant rien de tout ce qui s’est accompli par lui, puisque tu as tout appris, pour avoir été initié avec soin. Hé bien ! Réveillons notre zèle, frémissons d’une crainte sacrée ; faisons preuve envers lui d’un religieux amour, beaucoup plus grand que celui de ces étrangers, de peur d’amasser des charbons ardents sur nos têtes, pour nous être approchés inconsidérément et sans préparation.

Ce que je dis, ce n’est pas pour vous empêcher d’approcher, mais pour vous empêcher d’approcher sans préparation. Car, autant il y a de danger à s’approcher à la légère, autant ne pas communier à ce banquet mystique, c’est famine et mort. Car cette table est la vigueur de notre âme, le lien de notre esprit, la raison d’être de notre assurance, notre espérance, notre remède, notre lumière, notre vie. Si nous nous en allons munis de ce viatique, nous pourrons aborder en toute assurance les parvis sacrés, comme si nous étions protégés de tous côtés par des armures en or.

Et pourquoi parler du futur ? Dès ici-bas, assurément, ce mystère fait pour toi de la terre un ciel. Ouvre donc les portes du ciel et contemple ; – mais non ! plus encore que le ciel, ce sont les cieux des cieux ! – alors tu verras ce qui t’a été dit. Ce qu’il y a là-haut d’infiniment précieux, de plus précieux que tout, je te le montrerai ici-bas, sur la terre. Dans un palais royal, ce qui, plus que tout, rayonne de magnificence, ce ne sont pas les murailles, ce n’est pas le toit en or, mais c’est le corps du roi qui siège sur un trône. Dans les cieux, de même, c’est le corps du roi. Alors, purifies ton âme, et prépare ton esprit à la réception de ces mystères.

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