Sermon de saint Bernard

Sermo 1 in Res., 10-11 : EC 5, 85-87

Qu’ils se réjouissent ceux qui confessent le Seigneur et dont les os disent : Seigneur, qui te ressemble ? Le lion de la tribu de Juda, la souche de David. Il a vaincu, le lion de la tribu de Juda, la souche de David, pour ouvrir le livre et briser les sept sceaux. Ce sont les paroles de l’Apocalypse. Que ceux qui les ignorent, les apprennent, et que ceux qui les connaissent s’en souviennent. J’ai vu, dit saint Jean, à la droite de celui qui siégeait sur le trône un livre scellé de sept sceaux… et, à la droite de celui qui siégeait sur le trône, un agneau debout, comme immolé ; et, venant, il prit le livre de la droite de celui qui siégeait sur le trône et il l’ouvrit, et il y eut une grande joie et des actions de grâces. Jean entendit parler d’un lion et il vit un agneau.

Cet agneau est égorgé, il prend le livre, il l’ouvre et il apparaît lion. Enfin les vieillards disent : L’agneau immolé est digne de recevoir la force, non pas de perdre la douceur, mais de recevoir la force, afin de ne pas cesser d’être agneau tout en devenant lion. Je vais même plus loin, le livre qu’on ne pouvait ouvrir ne semble pas être autre chose que lui. En effet, qui pourrait se trouver digne d’ouvrir ce livre ? Jean-Baptiste lui-même s’est jugé indigne, et cependant, de tous ceux qui sont nés de la femme, il est le plus grand. Je ne suis pas digne, dit-il lui-même, de dénouer les courroies de ses chaussures. Car la majesté divine était venue à nous chaussée, la divinité s’est incarnée, la Sagesse de Dieu se trouvait dans un livre fermé et même scellé. Ce qui liait la courroie de sa chaussure est ce qui scellait le livre.

Mais que dire de ces sept sceaux ? Seraient-ce les trois facultés de l’âme, raison, mémoire et volonté, et les quatre éléments qui composent le corps, afin de nous apprendre qu’il ne manquait rien à la vérité de l’humanité du Sauveur ? Ne serait-ce pas plutôt cette humanité qui est le livre et il faut y chercher quels sont les sept sceaux. Les sceaux sont ce qui cachait davantage dans la chair la présence de la divine majesté, empêchant qu’on ouvrît le livre et qu’on y vît la sagesse qui y était cachée.