Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Mardi 2e semaine de Pâques (I)

Morales de saint Grégoire le Grand, pape

Lib. 13, 24 : SC 212, 282-284

Quand le Fils de Dieu chancelait sur la terre, il avait un témoin dans le ciel. Car le Père est le témoin du Fils, qui dit dans l’Évangile : Et le Père qui m’a envoyé m’a rendu témoignage. Mais il est aussi à juste titre appelé son confident, parce que c’est dans une volonté unique, dans un conseil unique que le Père œuvre toujours avec le Fils. Et il est aussi son témoin parce que personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père. Le Fils avait donc pris un témoin dans le ciel et là-haut un confident le jour où ceux qui le voyaient mourir dans sa chair ne savaient pas apercevoir la puissance de sa divinité. Or si les hommes étaient dans l’ignorance, dans sa mort cependant le Médiateur entre Dieu et les hommes savait que le Père œuvrait avec lui.

Mais peut-être ses paroles peuvent-elles convenir aussi à son corps mystique. Car si la sainte Église supporte les adversités de la vie présente, c’est pour être conduite, par une grâce d’en-haut, jusqu’aux récompenses éternelles. Elle méprise la mort de sa chair, parce qu’elle aspire à la gloire de la résurrection. Or transitoire est ce qu’elle souffre, perpétuel ce qu’elle attend. Et ces biens perpétuels ne lui inspirent aucun doute, parce qu’elle en possède déjà un témoignage fidèle dans la gloire de son Rédempteur. Elle voit en esprit la résurrection de sa chair et elle se dresse de toutes ses forces vers l’espérance, parce que ce qu’elle voit déjà accompli en sa Tête s’accomplira un jour aussi dans le corps de son Rédempteur, c’est-à-dire en elle-même : telle est son inébranlable espérance.

Ainsi, quand il souffre l’adversité, quand il est épuisé par de dures tribulations, le peuple fidèle peut hausser son esprit jusqu’à l’espérance de la gloire qui l’attend et dire, en fondant sa confiance sur la résurrection de son Rédempteur : Voici, en effet, que dans le ciel est mon témoin et là-haut mon confident. Et l’on est bien en droit de l’appeler confident puisqu’il connaît notre nature non seulement en la créant, mais aussi en l’assumant. Car, pour lui, la connaître c’est avoir accepté notre condition. De là encore cette parole du prophète : Il sait, lui, de quoi nous sommes pétris. Faut-il, en effet, s’étonner d’entendre dire qu’il sait particulièrement de quoi nous sommes pétris, puisque nous savons tous qu’il n’est rien au monde qu’il ne connaisse ? Mais, pour lui, savoir de quoi nous sommes pétris, c’est l’avoir accepté dans sa miséricordieuse bonté.

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