Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Mercredi 5e semaine de Pâques (I)

Homélie d’Eusèbe le Gallican, moine

Hom. 22, 1-3 : CCL 101, 257-258

Il convient, mes bien-aimés, de nous réjouir dans le Christ avec une piété fervente, en cette solennité présente où nous est rendue, enrichie des dépouilles de l’enfer, la hauteur revenant des profondeurs, la lumière revenant des ténèbres, la vie sortant de chez les morts. Oui, tel est le long chemin que la bénigne sollicitude du bon pasteur a parcouru pour le salut de ses brebis perdues. En un seul et même moment, il daigne rappeler l’homme jusqu’en paradis et il poursuit la mort jusqu’en enfer, jugeant plus glorieux de la capturer dans son propre royaume et plus magnifique de triompher d’elle en son propre séjour.

À la descente du maître céleste, le gouffre de l’enfer s’ouvre donc ; l’éternelle nuit de l’enfer s’étonne de cette lumière qui lui est étrangère. Car dès le premier instant la nuit a redouté non pas son mort, mais bien plutôt sa mort à elle : il était là, celui qui naguère avait annoncé par le Prophète : Ô mort, je serai ta mort ! Enfer, je serai ta morsure ! Et non seulement elle ne pouvait trouver sur lui quelque chose à tenir, mais elle vit même rappeler malgré elle aux régions supérieures ceux qu’elle retenait auparavant. Celui qu’elle avait pensé être son débiteur, voilà qu’il était son créancier impitoyable ! Celui qu’elle avait cru pouvoir charger de chaînes comme captif de l’enfer, elle le voyait avec surprise repartir comme un libérateur qui a repris ses captifs. Et donc, celui qu’à la descente elle avait pris pour un homme, elle reconnut à son départ qu’il était Dieu.

Il est vrai, mes bien-aimés, que notre Seigneur aurait pu terrasser l’ennemi du genre humain par sa seule majesté, sans l’humilité de l’incarnation, sans le combat de la passion ; mais l’homme, qui était responsable de son propre crime de désobéissance et qui par sa propre faute avait encouru l’esclavage ne devait pas être délivré par la force : plutôt par la miséricorde. Et parce que Dieu est équité et justice, il est à lui même la loi ; et parce que l’homme a été doué de volonté, qu’il se gouverne par son propre conseil autonome, il n’eût pas été juste qu’on le relevât malgré lui, alors qu’il s’était précipité volontairement. Il était plus équitable et plus utile que s’étant laissé entraîner par le diable sur la voie de l’orgueil qui mène à la mort, il soit sollicité par Dieu sur la voie de l’humilité qui mène à la vie.

 

 

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