Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Saint Barnabé, apôtre (I)

Homélie de saint Jean Chrysostome sur les Actes des Apôtres

Hom. 34, 1 : PG 60, 245-246

Un débat s’éleva entre Paul et Barnabé. Chez les prophètes apparaissent aussi des sentiments et des caractères divers : Élie était remarquable par sa sévérité, Moïse par sa douceur. Ici, Paul semble l’emporter en vivacité. Barnabé serait-il donc effronté ? Pas du tout ; il serait fort absurde de le penser. Comment ne le serait-il pas pour une chose sans importance ? D’ailleurs, il n’en résulta pas de mal: ce fut même un bien que cette séparation des deux apôtres, capables chacun d’évangéliser des nations entières. Et puis, si cet incident n’était pas survenu, ils auraient consenti difficilement à se séparer. Ce qu’il y a de vraiment admirable, c’est que Luc n’ait pas passé ce fait sous silence.

À devoir se séparer, objecterez-vous, ils auraient dû le faire sans débat préalable. Ce débat ne fait que mettre davantage en relief ce qu’il y avait de l’homme dans les apôtres. Pour le Christ, il fallait qu’il en fût ainsi : combien plus le fallait-il pour les apôtres ! Au surplus, un débat n’est rien de mauvais en soi, surtout quand il roule sur de pareilles matières et quand il est autorisé par de justes raisons. Si l’un des deux apôtres s’était emporté pour revendiquer un intérêt ou une gloire particulière, on le blâmerait avec raison ; mais dès lors que l’un et l’autre ne se proposent que de s’éclairer mutuellement, quel mal y a-t-il à ce que chacun suive une voie différente ? L’intelligence humaine les inspirait en bien des circonstances : ils n’étaient ni de bois ni de pierre. En cette occasion, Paul expose ses griefs et soutient les droits de ce qu’il estime la vérité. Bien que son humilité le portât à traiter avec déférence Barnabé, qui avait partagé si souvent ses travaux, il ne le respectait pas au point de sacrifier, pour lui être agréable, ce qu’il croyait un devoir.

Lequel des deux était dans le vrai, ce n’est pas à nous de le décider. Ce que nous découvrons dans ce différend, c’est un dessein providentiel : car autrement certains peuples auraient reçu la visite de ces deux apôtres, mais d’autres n’en auraient reçue aucune. En cette conjoncture, d’ailleurs, il faudrait moins observer le point sur lequel nos deux apôtres se divisèrent, que les points sur lesquels ils furent d’accord : somme toute, leur séparation n’aboutira qu’à produire un bien beaucoup plus considérable. Croirons-nous qu’ils se séparèrent ennemis l’un de l’autre ? Loin de nous pareille pensée : dans ses épîtres, Paul ne cessa de combler Barnabé de ses louanges. Un débat s’éleva, dit saint Luc, non une division, une inimitié.

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