Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Saint Justin, martyr (I)

Dialogue de saint Justin, martyr, avec Tryphon

Prol., 7-8 : Ed. de Otto, Ienae, 1877, 31-33

« À quels maîtres recourir, dis-je au vieillard, où trouver aide, si même les philosophes, ces grands hommes, n’ont pas la vérité ? » Il répondit : « Des hommes ont existé, il y a longtemps, qui furent ces grands hommes plus anciens que ces prétendus philosophes, des hommes heureux, justes et chers à Dieu, qui parlaient par l’Esprit Saint, et rendaient sur l’avenir des oracles maintenant accomplis : on les appelle les prophètes. Seuls ils ont vu et annoncé aux hommes la vérité, sans égard ni crainte de personne ; ils n’obéissaient pas aux désirs de la gloire, mais ils ne disaient pas ce qu’ils avaient entendu et vu, remplis de l’Esprit Saint. Leurs écrits subsistent encore : ceux qui les lisent peuvent, s’ils ont la foi en eux, en tirer grand profit, tant sur les principes que sur la fin, sur tout ce que doit connaître le philosophe.

Ce n’est pas sous forme de démonstration qu’ils ont parlé : au-dessus de toute démonstration, ils étaient les témoins fidèles de la vérité ; les événements passés et présents forcent de croire à leur parole. Les prodiges qu’ils ont accomplis les rendaient dignes de foi, car ils ont glorifié l’auteur de l’univers, Dieu et Père, et ont annoncé le Christ qui vient de lui, son Fils. Cela, les faux prophètes, remplis de l’esprit d’erreur et d’impureté, ne l’ont pas fait, et ils ne le font pas maintenant ; au contraire, ils ont l’audace de faire des prodiges pour frapper les hommes de stupeur, et ils glorifient les esprits d’erreur et les démons. Et toi, avant tout, prie pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, car personne ne peut voir ni comprendre si Dieu et son Christ ne lui donnent de comprendre. »

Il me dit toutes ces choses et beaucoup d’autres encore, et il s’en alla en me recommandant de les méditer. Je ne l’ai pas revu. Mais un feu subitement s’alluma dans mon âme ; je fus pris d’amour pour les prophètes et pour ces hommes amis du Christ. Je repassai en moi-même toutes ces paroles, je reconnus que c’était la seule philosophie sûre et profitable. Voilà comment et pourquoi je suis philosophe. Je voudrai que chacun ait les mêmes sentiments que moi et ne s’écarte pas de la doctrine du Sauveur. Elle possède, en effet, une majesté redoutable qui la rend propre à effrayer ceux qui se détournent du droit chemin ; elle procure en revanche le plus doux repos à ceux qui s’y attachent. Si tu as quelque souci de toi-même, si tu tiens à être sauvé et si tu as confiance en Dieu, tu peux connaître le Christ de Dieu, devenir parfait et être heureux.

Partager