Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Sainte Jeanne d’Arc, vierge (I)

Procès ordinaire de condamnation de Jeanne d’Arc

31 mars 1431 : Ed. Tisset, Paris 1960, 286-288

Le dernier samedi du mois de mars, Jeanne fut interrogée sur quelques points auxquels elle avait refusé de répondre avant le présent jour. Interrogée si elle veut s’en rapporter au jugement de l’Église qui est en terre, de tout ce qu’elle a dit ou fait, soit bien soit mal, spécialement des cas, crimes et délits qu’on lui impute, et de tout ce qui touche à son procès, elle répond que de ce qu’on lui demande, elle s’en rapportera à l’Église militante, pourvu qu’elle ne lui commande chose impossible à faire. Et elle appelle impossible le fait que ce qu’elle a dit et fait, déclaré au procès au sujet des visions et révélations qu’elle a dites et faites de par Dieu, elle ne le révoquera pour quoi que ce soit ; et de ce que Dieu lui a fait et commandé et commandera, elle ne consentira à le faire pour homme qui vive et il lui serait impossible de les révoquer. Et au cas où l’Église voudrait lui faire faire autre chose contraire aux commandements qu’elle dit venir de Dieu, elle ne le ferait pour quoi que ce soit.

Interrogée pour savoir si, au cas où l’Église militante, lui dit que ces révélations sont illusions ou choses diaboliques ou superstitions ou mauvaises choses, elle s’en remettra à l’Église : elle répond qu’elle s’en rapportera à Dieu, dont elle fera toujours le commandement, et qu’elle sait bien que ce qui est contenu dans son procès est venu par le commandement de Dieu ; et ce qu’elle a affirmé en ce procès avoir fait du commandement de Dieu, il lui serait impossible de faire le contraire. Et au cas où l’Église lui commanderait de faire le contraire, elle ne s’en rapporterait à homme du monde, sinon à Dieu, qu’elle ne fait jamais que son bon commandement.

Interrogée si elle croit être soumise à l’Église qui est en terre, à savoir à notre saint père le pape, aux cardinaux, archevêques, évêques et autres prélats de l’Église : elle répond que oui, Dieu premier servi. Interrogée si elle a commandement de ses voix qu’elle ne se soumette pas à l’Église militante qui est en terre, ni à son jugement : elle répond qu’elle ne répond autre chose que ce qu’elle a en tête, mais que ce qu’elle répond, c’est du commandement de ses voix et qu’elles ne lui commandent pas de ne pas obéir à l’Église, Dieu premier servi.

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