Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Saints Philippe et Jacques, apôtres (C)

Traité de saint Augustin, évêque,
sur l’évangile de Jean

Tract. 14, 12 :  CCL 36, 149-150

S’imaginant encore que le Père était quelqu’un de plus grand que le Fils, voyant la chair sans découvrir la divinité, les disciples dirent au Christ : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. C’était lui dire : « Déjà, nous te connaissons,  et nous te bénissons parce que nous te connaissons : nous te rendons grâce, en effet, parce que tu t’es montré à nous, mais nous ne connaissons pas encore le Père ; c’est pourquoi notre cœur brûle et il est tourmenté par un saint désir de voir ton Père qui t’a envoyé : montre-le-nous, et nous ne te demanderons rien de plus, car il nous suffit que
nous soit montré celui qui ne peut avoir personne de plus grand que lui. » Souhait excellent, désir excellent, mais compréhension médiocre.

En effet, considérant ces petits qui recherchaient de grandes choses et se voyant lui-même tout ensemble grand au milieu des petits et petit au milieu des petits, le Seigneur Jésus répondit à Philippe qui avait fait cette demande, l’un des disciples : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas, Philippe ! Ce Philippe aurait pu répliquer : « Nous te connaissons, mais est-ce que nous t’avons dit : Montre-toi à nous ? Toi, nous te connaissons, mais c’est le Père que nous cherchons. » Le Seigneur ajouta aussitôt : Celui qui m’a vu a vu aussi le Père. Donc, si c’est l’égal du Père qui a été envoyé, ne le jugeons pas d’après l’infirmité de la chair, mais pensons que la majesté s’est revêtue de la chair sans être comprimée par la chair.

Car tout en demeurant Dieu auprès du Père, il s’est fait homme auprès des hommes, afin que toi, par lui qui s’est fait homme pour toi, tu deviennes capable de saisir Dieu. L’homme, en effet, ne pouvait pas saisir Dieu ; l’homme pouvait voir l’homme, il ne pouvait pas saisir Dieu. Pourquoi ne pouvait-il pas saisir Dieu ? Parce qu’il n’avait pas cet œil du cœur qui est capable de le saisir.  Il y avait donc au dedans de lui quelque chose de blessé, et quelque chose au dehors qui était sain : les yeux de son corps étaient sains, les yeux de son corps étaient blessés. Lui s’est fait homme pour les yeux du corps afin que, croyant en celui qui pouvait être vu corporellement, tu sois guéri pour voir celui que tu ne pouvais pas voir spirituellement.

Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu aussi le Père. Pourquoi ne le voyaient-ils pas ? Ils le voyaient, lui, et ils ne voyaient pas le Père ; ils le voyaient dans la chair, mais la majesté leur était cachée. Ce que voyaient les disciples qui l’ont aimé, les Juifs qui l’ont crucifié l’ont vu aussi. C’était donc à l’intérieur qu’il se trouvait tout entier, et il était à l’intérieur dans sa chair de telle sorte qu’il demeurait auprès du Père, car il n’a pas quitté le Père quand il est venu s’incarner.

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