Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

2e dimanche de Pâques (A) – 3e nocturne

« Huit jours plus tard, Jésus vient »
(Jn 20, 19-31)

 

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

 

Sermon de saint Grégoire le Grand, pape, sur l’Évangile

Sermo 45, 5 : CCL 41, 519-520

La première difficulté qui se présente sur cet évangile que nous venons de lire, c’est de savoir comment le corps du Seigneur a pu être un vrai corps après la résurrection et entrer, toutes portes fermées, là où se trouvaient les disciples. Mais il faut considérer que les œuvres de Dieu ne seraient plus admirables si la raison pouvait les comprendre, et que la foi n’a plus de mérite lorsque la raison humaine lui présente un élément de conviction. Or les œuvres de notre Rédempteur, qui nous paraissent incompréhensibles en elles-mêmes, se conçoivent mieux si on les compare à d’autres œuvres, de sorte que la foi en des œuvres admirables soit confirmée par des œuvres encore plus admirables.

En effet, ce corps du Seigneur est entré, portes fermées, là où se trouvaient les disciples, et c’est ce même corps qui, à sa naissance, se rendit visible aux yeux humains en sortant du sein clos de la Vierge. Qu’y a-t-il donc d’étonnant à ce que, après sa résurrection, il pénètre, toutes portes fermées, pour vivre éternellement, lui qui, en venant dans le monde pour mourir, est sorti, sans l’ouvrir, du sein de la Vierge ?  Mais parce que la foi de ceux qui voyaient ce corps visible était dans le doute, il leur a montré ses mains et son côté, il leur a donné de palper son corps qui était entré, portes fermées.

Ainsi il manifesta deux choses merveilleuses et contraires selon la raison humaine, lorsque, après sa résurrection, il montra son corps à la fois incorruptible et palpable. Car tout ce qui est palpable est nécessairement corruptible, et tout ce qui est incorruptible ne peut se palper. Mais notre Rédempteur, d’une façon admirable et inconcevable, fit voir un corps à la fois incorruptible et palpable ; ainsi, en montrant un corps incorruptible, il invitait ses disciples à penser à la condition qu’il leur promettait et, en montrant un corps palpable, il affermissait leur foi. Il se montra donc à la fois incorruptible et palpable, pour prouver qu’après sa résurrection son corps était de même nature, mais avec une nouvelle gloire.

Frères bien-aimés, craignez donc et pensez-y avec application. Nous célébrons maintenant les fêtes pascales ; mais il faut les vivre de manière à parvenir aux fêtes éternelles. Toutes les fêtes que nous célébrons dans le temps sont transitoires. Veillez donc, en célébrant ces solennités, à ne pas être séparés des solennités éternelles. À quoi serviraient les fêtes des hommes si on manque les fêtes des anges ? La solennité présente n’est que l’ombre de la solennité à venir. Nous célébrons celle-ci tous les ans pour parvenir à celle qui n’est pas annuelle mais éternelle.

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