Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

Vendredi 4e semaine de Pâques (I)

Sermon de saint Ambroise, évêque, sur le psaume 118

Sermo 21, 7-8 : CSEL 62, 477-478

Les princes m’ont persécuté gratuitement ; et mon cœur a tremblé, pensant à tes paroles. Le martyr qui parle dans ce psaume a raison de dire qu’il souffre gratuitement les tourments des persécutions ; car il n’a rien dérobé, n’a fait violence à personne, n’a jamais versé le sang, n’a jamais songé à violer la couche de qui que ce soit. Il n’a pas manqué aux lois, et il se voit contraint de supporter les affreux supplices des brigands. Il prononce des paroles justes, et il n’est pas écouté, des paroles pleines de salut, et il est combattu, de sorte qu’il peut dire : Quand je leur parlais, ils me combattaient gratuitement. C’est donc gratuitement qu’il souffre persécution, lui qui est combattu sans avoir commis de faute.

On le combat comme s’il était un malfaiteur, alors précisément que dans sa confession il est digne d’éloges ; on le combat comme s’il était un magicien, alors qu’il se glorifie dans le nom du Seigneur et que la piété est le fondement de toutes les vertus en lui. Vraiment c’est par fraude qu’on le combat, lui qui est cité au tribunal des impies et des infidèles sous l’inculpation d’impiété, alors qu’il est le docteur de la foi. Mais celui qui est combattu gratuitement doit être fort et constant. Comment se fait-il alors que le texte dise ensuite : Et mon cœur a tremblé, pensant à tes paroles ? Trembler relève de la faiblesse, de la crainte et de la peur. Mais il y a aussi une faiblesse qui mène au salut, et il y a aussi la crainte des saints : Craignez le Seigneur, vous, ses saints ! et : Heureux l’homme qui craint le Seigneur !

Prenons par exemple un martyr sur le lieu de son supplice : d’un côté, les bêtes féroces grondent, frappant de terreur ; d’autre part, le sifflement des lames de fer chauffées à blanc, et la flamme de la fournaise ardente font perler la sueur sur tout son corps. Prenons, dis-je, cet homme qui regarde autour de lui et ne voit que supplices, mais qui ensuite pense aux préceptes divins et au feu éternel. Il tremble de tout son cœur : il a peur, s’il cède aux supplices présents, de se vouer aux malheurs éternels. Ne mettras-tu pas sur un pied d’égalité le tremblement de cet homme et l’assurance virile qui le tient debout, inébranlable ? Son désir des biens éternels et sa crainte de Dieu concourent au même effet. Mais plus forte sera l’espérance, plus forte sera l’audace.

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