Sœur Catherine Bourgeois + Ermite catholique, peintre

 

 

Première partie. Logique formelle

24. – Notre intelligence ne peut atteindre la pleine vérité qu’au moyen d’actes multiples dont la psychologie décrit toute la richesse. Mais au point de vue de la science à construire, on les ramène, comme nous l’avons dit1Cf. Introduction, n°14, à trois principaux : la simple appréhension, le jugement et le raisonnement. Le jugement, dont le rôle propre est de saisir la vérité, est la pièce centrale, qui sert à construire les raisonnements, tandis que la simple appréhension en prépare les éléments qui sont les idées ou concepts abstraits.

Mais ces actes spirituels accomplis dans le secret de notre esprit n’y restent pas définitivement ; ils s’expriment en signes sensibles qui, assemblés sous forme d’œuvre d’art, constituent les sciences comme documents écrits, transmissibles aux générations futures. De ces signes sensibles, la logique étudie aussi les lois en rapport avec les actes de l’esprit. Nous la distribuerons donc en trois chapitres, traitant respectivement du concept, du jugement et du raisonnement, en même temps que de leurs signes sensibles: le terme, la proposition et l’argumentation.

Chapitre 1. – Le concept
Chapitre 2. – Le jugement
Chapitre 3. – Le raisonnement

Chapitre I. – Le concept

25. – Le concept est le fruit de la première opération de l’esprit appelée simple appréhension. Celle-ci se définit : « L’acte par lequel notre intelligence saisit une nature sans en rien affirmer ou nier » par exemple, penser au « philosophe », à l’« homme », au « vivant », sans se dire que tout philosophe est vivant ou non ; que tout homme est philosophe ou non. Le but de l’esprit en ce premier acte est de saisir les natures ou les essences des choses, en s’en formant des idées ou concepts, souvent d’ailleurs en prenant «essence» d’une façon large, comme nous l’avons expliqué plus haut2Cf. Introduction, n°9. Mais il importe de ne pas se contenter d’idées vagues et de trouver en Logique des règles pour bien former ses concepts et les conduire à leur perfection. Le fruit de ce travail sera d’établir des définitions vraiment explicatives et des divisions éclairantes. D’autre part, l’œuvre toute spirituelle de l’idée se manifeste et se transmet aux autres au moyen d’un signe sensible qui est le mot ou le terme oral.

Nous aurons ainsi quatre paragraphes :

1. – Le concept en général
2. – Le mot ou le terme
3. – La définition
4. – La division

Division de la logique. – 23. – Quand nous nous portons vers la science, nous pouvons manquer le but de deux façons : en raisonnant mal sur des données justes, ou en raisonnant bien sur des données fausses. Deux sortes de règles sont donc nécessaires pour réussir : les unes apprennent à bien raisonner, c’est-à-dire à enchaîner nos pensées et nos affirmations avec une rigoureuse clarté et une infaillible nécessité, sans que jamais notre raison se contredise. Les autres apprennent à raisonner sur des données justes, c’est-à-dire à considérer les choses étudiées pour les ordonner en groupements naturels, et à juger exactement de la valeur des affirmations prises comme point de départ, appréciant leur vérité, leur probabilité ou leur fausseté.

Ainsi, les premières règles concernent la forme même que doit revêtir notre pensée dans ses développements, quel que soit le domaine où elle s’exerce : elles constituent la Logique formelle3Parce qu’elle traite de questions moins difficiles, on l’appelle aussi « Petite Logique », ou « Logique Mineure ». ; les autres concernent la matière ou l’objet de nos idées et de nos jugements : elles constituent la Logique matérielle4Parce que les sujets traités sont plus importants et plus difficiles, on l’appelle aussi « Grande Logique » ou « Logique Majeure »..

Première Partie : Logique formelle.
Deuxième Partie : Logique matérielle.

 
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